dimanche 25 août 2013

Créations à ciel ouvert : Les petits comptent pas pour des prunes !


 Cette année, dans le cadre de notre projet d'école maternelle-élémentaire autour de la poésie, une matinée toute entière lui a été consacrée, une grande fête appelée "Créations à ciel ouvert" où les enfants circulaient par groupes d'une dizaine, deux par niveaux, de la maternelle au CM2, et participaient à différents ateliers. 
J'ai sauté sur l'occasion pour utiliser les moulins @ paroles de mon ami Christian Jacomino, n'ayant plus trop l'occasion de me frotter à un public au moins un peu lecteur ; et j'ai décidé  d'en proposer un à chaque groupe d'enfants se présentant à moi dans mon atelier.
 Nous étions installés dans la BCD de l'école élémentaire. Parmi les livres bien rangés mais pour l'occasion fermés, le ciel était sur l'écran associé au vidéo-projecteur. Pour les enfants, il s'agissait de découvrir une poésie en faisant lire le texte projeté sur l'écran aux plus grands ; la difficulté venait de la grande hétérogénéité des enfants et aussi de l'incapacité des maternelles de "lire" le texte. J'annonçais alors aux enfants que l'exercice ne serait pas réservé aux plus grands, et qu'à mon avis, les plus petits allaient au fur et à mesure devenir très très forts... Les plus âgés en ricanaient déjà. 
Un peu blasé, un volontaire "exécute" la lecture de la diapositive de la première strophe en texte intégral, avec l'habitude de l'exercice scolaire. Rien d'extraordinaire. Mais à la diapo suivante, des mots ont disparu; et c'est là que le groupe des enfants, intrigués, commence vraiment à s'intéresser. Le poème devient jeu, et s'anime de plus en plus, au fur et à mesure des diapos. Les "forts en thème" perdent assez rapidement de leur assurance, les plus silencieux, à la lecture habituellement difficile, ainsi que les CP, s'animent, et tentent de lire l'énigme, de plus en plus vite, de plus en plus souvent. Vient le moment où ils se disputent les tours de paroles.
C'est au moment où la lecture devient la plus difficile,

Le **** ***, par-dessus le ****,
** ****** ***** !
Un *****, par-dessus le ****
***** ** *****.

que nos petits de maternelle, sollicités par une maman d'élève accompagnatrice, sortent de leur timidité, et reproduisent fidèlement le texte recherché par les enfants de l'élémentaire avec passion. Les grands ont peine à comprendre d'être coiffés sur le poteau. Ils ignorent que ceux qui ne savent pas encore lire, ont  beaucoup plus besoin de leur mémoire, se concentrent mieux et ont une capacité étonnante de mémorisation !
Pour finir, une reprise chorale, en quatuor à repérer sur la partition de l'écran, fait participer tout le monde joyeusement. 

C'est ainsi qu' à la fin de la demie-heure d'exercice, tous les enfants se sont passionnés pour la lecture et l'apprentissage de la poésie, et que les petits ont gagné l'estime des grands ...
Les trois groupes ont travaillé sur trois poèmes différents : Le ciel est par dessus le toit, il pleure dans mon cœur de Verlaine, ainsi que la cigale et la fourmi de La Fontaine.
 Malgré la variété des textes et les différences d'ambiance dans les groupes, j'ai assisté chaque fois, avec beaucoup d'émotions je dois le dire (je connaissais pratiquement tous les élèves pour les avoir eu en PS ou MS) au même phénomène : le démarrage est tiède, réservé, et dès que le texte se troue, l'intérêt est immédiat, et les moins sûrs d'eux se lâchent tôt ou tard, piqués par la curiosité puis l'intérêt, notamment ceux qui ont les plus grosses difficultés scolaires. Tous finissent les yeux pétillants. Aucun muet, même dans les groupes les plus difficiles à maîtriser. Une vraie magie que je ne sais ni ne souhaite expliquer complètement, mais indéniable. Qui a soudé ce groupe hétérogène un peu improbable. Un vrai moment de partage, un grand moment que j'ai pu vivre grâce aux m@p.

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