vendredi 10 juin 2016

Le Brigaudiot nouveau, notes de lecture (21) : commencer à écrire tout seul

Objectif 9. Commencer à écrire tout seul

A. Définition de l’objectif

C’est un aboutissement. (…) Sans le travail des 2 ou 3 années précédentes, il n’a pas de sens.
Dans la première conquête de l’écrit, bien avant de savoir lire, les enfants peuvent utiliser tous leurs savoir et savoir-faire pour faire de vraies productions d’écrit, en se débrouillant avec leurs outils. Ils sont alors en auto-entraînement parce qu’ils doivent :
- se dire ce qu’ils veulent écrire (chaine orale subvocalisée)
- décomposer cet énoncé en « morceaux » (groupes de mots, mots, syllabes)
- choisir parmi tous les outils dont ils disposent ceux qui peuvent les aider,
- utiliser ces outils, tracer, vérifier, continuer.
Ces activités constituent l’auto-entraînement recherché.
Le maître n’attend pas de produit fini particulier.  (…)
Le rôle du maître est donc d’abord de donner beaucoup d’outils aux enfants. Il leur a déjà donné des outils intellectuels (…). Ils leur manquent des outils matériels pour tracer et copier. Les 2 outils les plus utiles sont l’écriture cursive et la mise en correspondance des différentes graphies.

B. Les actions du maître pour amener les enfants à l’écriture cursive

 (…) chaque enfant avait un exercice quotidien de graphisme et un exercice quotidien de dessin. Je propose qu’on y revienne. Cela donnait une vraie dextérité aux enfants dès la fin de la MS.

Exemple de progression d’enseignement visant l’écriture cursive

PS       - Dessins libres et dessins « sans remplir »
            - Graphisme quotidien

MS     - Peinture pinceau fin sur feuille horizontale, hebdomadaire
            - Dessins libres, dessins d’observation, ou copies de dessin
            - Graphisme quotidien
            - Entraînement à partir d’un tracé spontané repris
            - Premiers entraînements en cursive de « morceaux » de prénoms
            - Copie du prénom en cursive puis écriture sans modèle

GS      - Peinture pinceau fin sur feuille horizontale, hebdomadaire
            - Dessins libres, dessins d’observation, ou copies de dessin
            - Graphisme quotidien
            - Entraînement à partir d’un tracé spontané repris
            - Entraînements écriture cursive prénoms ou noms
            - Copie du prénom + nom avec modèle, puis sans
            - Renforcement ateliers pour les enfants prioritaires

° En PS
- Accepter toutes les simulations d’écriture, les valoriser et faire VIP
- Dans le courant de l’année, donner aux enfants l’habitude de séances d’exercices graphiques quotidiennes, collectives, en leur expliquant : « vous ferez des exercices comme ça tous les jours, ça vous apprend à dessiner et ça vous servira pour apprendre à écrire ».
- Les dessins sont également encouragés, d’abord libres, puis avec des commandes, toujours en expliquant : « vous faites un grand rond et un plus petit au-dessus, ça sert à dessiner un bonhomme ». Il est bon d’inviter de temps en temps des enfants de GS pour leur demander de dessiner quelque chose, en grand, devant les petits. (…)

° En MS
- Valoriser aussi toutes les écritures, en capitales, en pseudo-lettres, etc. Faire VIP. Bien dire aux enfants qu’ils sont en train d’apprendre à écrire
- Dès le début de l’année, les séances d’exercices graphiques sont collectives et quotidiennes.
- En cours d’année, les séances de dessins se précisent, en dehors des dessins libres.
- En cours d’année également, instaurer la séance de peinture au trait
- Dans la seconde moitié de l’année, (…) des exercices qui apprennent à écrire quelque chose (…)
La MS est l’année des « ponts », des « ronds à l’envers », et des « boucles vers la main qui n’écrit pas » (…) ils s’auto-entraînent (…)
En cours de MS, le grand jour est arrivé, les enfants copient leurs prénoms en cursive. D’abord seulement la majuscule (…)
En fin de MS les enfants écrivent tous leur prénom en cursive et peuvent copier ceux des autres enfants.

° En GS
Lorsque le travail n’a pas été fait avant la GS, il faut partir de la case départ. Mais ça va vite. (…)
Ce sont d’abord les mêmes situations qu’en MS qui sont proposées (…) nouveautés :
- un cahier d’écriture, partagé en deux avec les exercices graphiques et les copies d’une part, les essais d’écriture d’autre part.
- des exercices d’écriture sur des feuilles avec des lignes, parfois des interlignes,
- l’écriture de la date (et donc de chiffres), à partir de janvier, même si elle n’est pas complète
- l’écriture du nom de famille à partir de janvier (…)

Ces suites graphiques de leurs prénoms et noms, ainsi que les noms des jours et des mois, permettent au maître de décontextualiser lui-même les « morceaux » que vont écrire les enfants qui en comprennent ainsi l’utilité (…)
Par ailleurs, instaurer des séances collectives d’activités graphiques ne veut pas dire que tous les enfants font la même chose.

C. Les actions du maître pour entraîner les enfants à l’utilisation des 3 graphies

Exemple de progression d’enseignement visant l’utilisation des 3 graphies

PS       - M écrit prénom, messages et date en cursive, avec majuscules, devant les enfants
            - M met prénoms en capitales à disposition des enfants
            - Les enfants voient de l’écriture scripte (écrits édités)
            - Premiers jeux d’appariement des 3 graphies des prénoms

MS     Idem PS
            - Jeux d’appariement de textes connus dans les 2 écritures scripte et cursive
            - Première utilisation d’un clavier
            - Premières frappes de leur prénom sur traitement de texte

GS      - Jeux d’appariement des 3 graphies
            - Premières copies en cursive d’un texte connu, court, tapé en script
            - Transcription d’un texte connu, en cursive, avec des lettres mobiles
            - Entraînement à l’utilisation du clavier
            - Transcription d’un texte, connu, en cursive, avec traitement de texte

° En PS
La correspondance cursive-script-capitales leur est enseignée. Le but est de les rendre autonomes.
En PS, en ateliers, on les encourage à retrouver les prénoms de la classe dans les 3 graphies, avec des supports mobiles et de même taille

D. Les actions du maître pour permettre aux enfants d’écrire tout seuls

Il faut encourager les enfants à écrire tout seuls pour qu’ils osent essayer

                                   ------------------------
Michel Fayol : « Contrairement à ce qui vaut pour le langage oral, aucune détermination biologique ne prédispose les enfants à acquérir l’écrit, les apprentissages s’effectuent en fonction des incitations, des sollicitations et de la fréquence de confrontation à des situations impliquant la perception et/ou l’utilisation d’écrits divers. Les différences socioculturelles sont donc très précoces et très accusées. » C’est ce qui explique les 28 références aux enfants prioritaires, dans l’index. Ce parti pris peut rendre les enseignants fiers de leur métier.


m.brigaudiot@free.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire