mardi 25 mars 2014

Du coloriage comme évaluation initiale

"Mon entrée à l'école primaire se singularise par un faux départ. Je suis inscrite à l'école de filles de la rue Jenner dans le 13e arrondissement de Paris. J'y passe une journée au cours de laquelle on doit colorier un cercle en rouge. J'écoute distraitement les consignes : toujours colorier dans le même sens, ne pas dépasser. Je gribouille, déçue je crois, par la médiocrité du challenge.
Je me rends vite compte que j'ai fait n'importe quoi, j'ai agité mon crayon dans toutes les directions. Ma pastille rouge manque singulièrement d'uniformité. Qu'à cela ne tienne : je repasse, je remplis les vides, j'en remets une couche? L'institutrice examine mon travail et l'évalue. Dix sur dix. La perfection. Du premier coup, le premier jour d'école, j'ai atteint la perfection en faisant le contraire de ce qu'on me demandait. J'hésite à me dénoncer. S'agit-il d'une note de complaisance ? Je suis prise d'un doute inavouable, insoutenable : cette maîtresse de grande école, serait-elle incompétente ?"
Comment j'ai appris à lire, Agnès Desarthe, ch. Comment tout a (mal) commencé

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