La laïcité est un combat, pour chacun, en chacun déjà. Ma
laïcité est un combat, quotidien, avec moi-même. La part en moi qui croit, qui
pense en croyante, qui espère en croyante et qui juge ainsi ; celle en moi
qui travaille au sein d’un établissement public, qui pense en enseignante, qui
prend des décisions pour mes élèves, qui discute avec leurs parents ; cela
fait presque quarante ans que je gère cette schyzophrénie. en est-ce vraiment
une ? ca l’est devenu, officiellement en tout cas.
Certains de mes amis, de mes connaissances, ne font pas
ainsi. Ils ont en quelque sorte choisi leur camp, celui de la religion. Ils en
portent les signes extérieurs, leurs enfants vont dans une école
confessionnelle. C’est un choix respectable. En cela, ils n’imposent pas à la
société leurs phobies alimentaires, leurs agendas, leurs bibliothèques.
Cependant, ils l’imposent à leur famille, à leurs enfants , vivant en
autharcie. C’est une position que je ne partage pas, car justement c’est le
partage que j’aime dans l’école publique, ou plûtot je devrais dire que
j’aimais, avant. Lorsque j’avais le CE2 et que l’on étudiait le calendrier, que
chacun parlait de son nouvel an, de ses fêtes. Qui ose encore le faire
aujourd’hui ?
Chaque jour, il faut remettre en question ce que j’entends,
ce que je vois, les décisions que je dois prendre. Bien sûr, c’est le lot de
chaque enseignant, son devoir. Mais le poids de la laïcité a pris peu à peu une
place considérable. Volontairement ou involontairement. Quotidiennement, des
questions qui étaient des évidences au début de ma carrière, se rajoutent aux
problématiques quotidiennes.
Des exemples ?
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Les événements attendus : peut-on fêter
encore Noël ? Comment le faire ? Evacuer Jésus-Joseph-Marie-les
Anges, ça je l’ai toujours fait. Faire un sapin ? Mettre une étoile au
sommet ? Le Père Noël auquel tous mes Petits croient dur comme fer ?
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Les événements inattendus : répondre au
père qui pense que si l’on ne sert pas des repas hallals à la cantine on
empoisonne son enfant ? Puis-je distribuer les bonbons Haribo donnés pour
tous par cette famille pour l’anniversaire de leur fils ? Que dire à la
mère qui s’inquiète des tableaux de nus au Musée Matisse ? Comment parler
de la différence fille-garçon avec ce petit garçon aux cheveux très longs et
chaussettes à fleur que tout le monde prend pour une fille ?
Certains de mes collègues choisissent le silence. Je les
comprends, j’essaie de ne pas juger. On n’en parle pas. Point. On ne doit pas
se substituer aux familles. Je ne peux m’y résoudre.
Ainsi, ne pas fêter Noël ? Se priver de convivialités,
de petits bonheurs, de découvertes dont la maternelle est faite ? Laisser
dire que les enfants sont empoisonnés à l’école ? Ne pas gérer la
différenciation sexuelle ? Boycotter les peintres, les musées ?
Ne pas s’y résoudre, ce n’est pas la solution de facilité,
et ce n’est sans doute pas la solution la plus sage, en tout cas certainement
pas la question la plus reposante. C’est aussi épuisant, déprimant : on
perd un temps précieux à réfléchir à des détails alors que le but est d’éduquer
les enfants, de leur permettre d’apprendre à lire, à compter, un combat parfois
démesuré contre les aprioris, les déterminismes sociaux ….
bonsoir, comme cela fait du bien de lire votre billet. Je suis catho , engagée en aumônerie avec des lycéens mais aussi enseignante/directrice en ZEP avec une population à 70% musulmane., pas facile donc. Il faut tenir bon sur nos valeurs sans dire d'où on les tient...pour ma part, je fête Noêl en classe ace sapin Père Noêl et cadeaux mais je me permets aussi de demander aux parents comment c'est passer la fête de l'Aïd dans une discussion informelle devant l'école...équilibre.....
RépondreSupprimerMerci de votre témoignage !
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