Avec Vigipirate orange, voilà peut-être de quoi empêcher les parents de mes élèves d'entrer dans ma classe le matin.
Pour moi, ce serait vraiment un problème. Et une déception.
Depuis que je suis en maternelle, à peu près quatorze ans, j'ai toujours ouvert ma classe à l'accueil.
Je n'y vois que des avantages.
D'abord, je n'ai rien à cacher. Les parents dans la classe sont les bienvenus. C'est le premier geste à faire lorsqu'on parle de coéducation.
Les parents accompagnent leurs enfants en classe. Ils y restent le temps qu'ils souhaitent, le temps le meilleur pour l'enfant : très peu, ou plus longtemps, cela se négocie, cela s'apprend, et c'est différent pour chacun. Bien sûr, avec certains il y a des tensions, bien sûr avec certains il y a de la gêne, des divergences de point de vue. De se côtoyer tous les matins, de se saluer, c'est ce que j'ai trouvé de mieux pour s'accepter, pour se respecter les uns les autres, pour lever les malentendus.
Jusqu'à l'heure limite, à la cloche qui sonne. Après c'est terminé, l'accueil se fait sur le seuil. Et cinq minutes après c'est plus du tout. C'est comme ça.
Avec leur enfant, mais selon les codes de la classe. L'enseignant est l'hôte accueillant, l'école est son domaine, il en fixe les règles. L'enfant choisit son activité, l'adulte la partage si l'enfant le désire. Le parent peut construire une maison, dessiner sur l'ardoise ou sur une feuille, modeler, avec son enfant, pour son enfant; pour les petits voisins aussi, qui en sont tout contents. Il peut prendre un livre et raconter une histoire, faire un petit cercle.
Les parents apprennent beaucoup ainsi sur l'école, sur la classe; sur les règles, et sur leur enfant écolier, différent de leur enfant-fils ou fille; et je découvre aussi l'enfant fils ou fille, différent de mon élève. Souvent aussi l'on discute, ou ils discutent avec l'un, avec l'autre, pas trop fort, on est ici à l'école. C'est un lieu de rencontre.
Je sais qu'ils apprécient cette convivialité, l'accueil qui leur est fait, l'invitation à pénétrer lorsqu'ils n'osent pas. Souvent je repense à cette expression périgourdine, dans cette région où l'on ne laisse pas le voisin sur le seuil et où on lui dit : "finissez d'entrer."
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