mercredi 1 août 2018

Langue régionale et projet de classe (1) : mon bilan en maternelle chez les plus jeunes


En faisant le bilan de mon travail, je peux voir que de véritables projets de classe sont nés dans la mienne en PS et même avant quand j'étais en MS au cours du temps en langue régionale, et j'ai eu envie d'en faire la synthèse. Cette ouverture en Langue régionale n'est pas évidente surtout selon les régions, à l'époque de la diversité des cultures de nos parents d'élèves et de l'apprentissage précoce de langues étrangères. Et pourtant, comment mieux créer une culture commune qu'avec ce qu'on a sous la main, sa ville ?
Ici, nous avons le Nissart. C'est une langue occitane particulière, car elle s'est développée dans une région où l'Etat a changé de nombreuses fois, ainsi que la langue officielle, entre Italien et Français. Nous sommes un des derniers départements où certains habitants ont du choisir leur nationalité par vote, française ou italienne, parfois seulement en 1947 , par exemple à Tende et la Brigue, et certains ont choisi l'Italie, comme Vintimille ...
Quand j'étais jeune, le Nissart était en perdition, et, comme pour les animaux WWF, il y a eu des campagnes, qui n'ont pas mal marché : j'ai ainsi appris le nissart au collège, au lycée j'ai pris l'option au baccalauréat. Des groupes de musique, des poètes sont apparus, certains s'inscrivant dans des démarches très contemporaines ; ces derniers temps, on peut dire qu'il y a une minorité active et que des groupes très divers coexistent. Dans l'enseignement, il y a eu l'ouverture officielle de classes bilingues à Nice, et un dynamisme pour la sensibilisation à cette langue, par exemple dans mon école.
Je ferai un prochain article où je regrouperai les liens pédagogiques et les outils utiles et actifs.
Dans ce premier article, je ferai le bilan pour ma classe.
Ce que j'aime et ce que je souhaite, dans mon enseignement, c'est que le fil s'inscrive dans des activités réelles, "évidentes". Je suis une Niçoise assez typique : mon père est né à Nice, mais de parents italiens, en fait juste frontaliers, qui n'avaient qu'une envie, c'est devenir Français. Ma mère est catalane, de la région de Perpignan, mais est devenue une Niçoise de cœur. Je suis née et j'ai grandi ici, puis je suis partie quelques années dans le Sud-Ouest comme institutrice, et je suis revenue car le pays qui ne m'intéressait plus s'est fait nécessaire après l'avoir quitté. Mais j'aime cet aspect très cosmopolite de cette ville, et de mon école, qui, bien que dans les quartiers chics, voit se mélanger toutes sortes d'origines et de nationalités. Mais tous nous vivont à Nice, et nous pouvons y partager des choses.
Mon premier choix ? Curieusement, moi qui commence toute année scolaire en faisant du pain, ce n'est pas la bouffe !!! Je viens de m'en apercevoir en tapant ces mots, et je me dis qu'il faudrait que j'y réfléchisse sérieusement !!! Pour l'année qui vient ...
Non, là c'est Dvorah la musicienne qui refait surface : par la danse.
1. CARNAVAL
 A Nice, le Carnaval est évidemment un événement ancré et très important, y compris sur le plan économique. Donc, qu'on aime ou pas, on ne peut l'ignorer. La ville faisait de gros efforts à l'intention des écoles, mais hélas l'attentat dont nous avons été victimes a changé la donne et pour le moment, c'est plutôt en sommeil, en particulier pour les maternelles. Mais dans les écoles, c'est un événement incontournable, bien que dans la plupart , y compris dans la mienne, c'est une manifestation festive mais peu pédagogique : une succession de musiques "variées"où des enfants déguisés par les parents (donc la majorité en Reine des Neiges ou Spiderman avec variation dans le prix de l'achat des costumes) dansent "librement".
Bon, vous avez compris, je n'aime pas. Je me souviens d'une conférence pédagogique mémorable où j'ai expliqué au CPD Musique de l'époque que non, la danse des canards ne faisait pas partie du patrimoine, mais évoquait seulement pour les enfants le jour où Tonton Paul s'est saoulé au mariage de la cousine Sophie. Dans ces cas là, je suis très rabat-joie et je me réfugie derrière un académisme pédagogique; mais en même temps je construis mon truc.
Ben oui, j'ai des valeurs; et pour moi, voir pleurer un enfant parce que lui il n'a pas le costume de la reine des Neiges, ou bien parce que le costume de la Reine des Neiges Prisunic de son copain est bien plus joli que le sien de la boutique Disney, je ne supporte pas et je pense que l'école ça ne sert pas à ce qu'il arrive de tels événements. Donc dans ma classe, depuis toujours, on fait comme au bon vieux temps du Carnaval de Nice (et toujours d'ailleurs, les personnes déguisées ayant l'accès gratuit au secteur payant) on construit son costume, en classe, Petits mais aussi Grands.
D'abord, il faut expliquer : non Juju, tu pourras garder ton costume de la Reine des Neiges pour la Place Masséna, mais, à l'école, tu mettras le costume que nous allons fabriquer.
Eh bien, croyez-moi mais, aucun refus. Tous les enfants, même de PS, le jour J, sont très contents de mettre LEUR costume.
Un récapitulatif des thèmes ?

dinosaures, grands monstres verts, Matisse ou Kusama, Matisse, pantins, Rois et Reines
Le costume s'intègre dans la programmation annuelle : sa confection commence à la rentrée des vacances de Noël, avec la confection de la couronne des Rois. Puis ensuite pendant les mois de Janvier et Février. Très souvent, j'ai conservé des éléments du costume en l'intégrant à l'œuvre finale de participation au Festival Art Plastique Enfant de mon département, en juin.
2. DANSES TRADITIONNELLES
Depuis maintenant de nombreuses années, ma programmation danse a pour point central la fête de Carnaval, avec la danse du lancer de paillasse, précédée d'une farandole. L'année commence toujours par l'apprentissage de rondes chantées. Dans ce blog, j'ai décrit plusieurs fois ces apprentissages dans les rubriques Carnaval et Danse. On y travaille la danse mais aussi le lancer , le travail au parachute, la coopération.
La création de la paillasse est aussi un projet différent chaque année. Quelques exemples :
de paillasses collectives ou individuelles :




CREATIONS DE DANSE
Au troisième trimestre, il y avait avant l'attentat un grand rassemblement en Mai pour toutes les écoles de Nice, la fête des Mais. Les MS et GS de mon école s'y rendaient toujours car le lieu jouxte quasiment l'école, aussi chaque classe est dotée de magnifiques et véritables costumes de niçois et niçoises. Les PS fêtaient à l'école. Depuis quelques années, notre école organise une fête niçoise entre nous ou élargies à d'autres écoles, avec buffet niçois et bien sûr, danse. A cette occasion, je revisite la danse de la paillasse vers une nouvelle chorégraphie plus "fun", ou bien j'innove. Le style est beaucoup moins traditionnel en ce qui concerne ma classe, et on s'amuse bien. Le costume est celui de chasubles colorés style dominos de Carnaval, et la musique varie chaque année, je parlerai de mon "fonds" dans le prochain article. Cela va de chansons traditionnelles versions hard rock à des compositeurs innovants comme le Corou de Berra ...

UTILISATION DU CORPUS TRADITIONNEL DANS LES ACTIVITÉS DE LA CLASSE
Ainsi, cette année, dans mon travail sur les émotions, j'ai utilisé une berceuse traditionnelle, Soun soun, travail évoqué dans ces articles. Je n'ai pas eu le temps de finaliser par un film que j'aurai voulu monter avec les enfants, mais ce fut tout de même un travail constructif et intéressant.
Cependant, en APC culturelles, avec un groupe de MS-GS, nous avons réalisé un petit film avec une comptine niçoise. Les enfants ont tout fait : dessins, production musicale, tournage

Je suis sûre que l'on peut étendre pour chacun ces propositions à d'autres régions. Le tout est de trouver des projets qui vous motivent personnellement, en restant soi-même. La tradition de toute façon, c'est bien cela, faire siennes des pratiques pour qu'elles restent vivantes !

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