dimanche 29 mai 2016

Le Brigaudiot nouveau, notes de lecture (17) :Ecouter de l'écrit et comprendre

Objectif 5Ecouter de l’écrit et comprendre

Avec cet objectif l’école maternelle veut que les enfants commencent à traiter en quelque sorte une autre langue que le français oral qu’on appelle l’écrit. (…) Un maître qui utilise tout le temps des paraphrases a une attitude-clé pour cet objectif : ce sont des reformulations d’un sens équivalent, avec d’autres mots, parfois en expliquant et en développant c’est une aide considérable pour les enfants, ils vont s’emparer de cette habitude.

A l’école maternelle, avoir une culture littéraire veut dire : pouvoir reformuler des histoires connues, y penser, faire des liens entre ces histoires, anticiper lors de nouvelles histoires entendues, leur empreunter des scènes pour jouer et imaginer d’autres histoires.

A. Les histoires écrites

Grâce au travail fait avec les Objectifs 2 et 3, les enfants ont pris l’habitude de regarder des livres et d’entendre raconter des histoires. Ce travail est ici poursuivi avec l’écoute de lectures à voix haute de textes d’auteurs.
(…) de nombreuses séances de travail auront lieu avant qu’on puisse lire des histoires seulement écrites, sans support illustré, en GS.

Voici quelques repères de particularités linguistiques des textes de littérature enfantine.
- Ce sont des textes longs ou très longs.
- Le narrateur renvoie aux illustrations pour repérer les personnages
- Le moment temporel de démarrage est également « présentifié » par la seule illustration
- Le temps verbal dominant dépend de ce démarrage
Du vocabulaire et des formules verbales  du texte peuvent être plus ou moins éloignés des enfants.
- Les textes peuvent être émaillés de  passages d’une autre nature linguistique que purement narrative

Attention ! il est hors de question de faire entendre aux enfants de l’oral qui serait écrit-transcrit, voire édité dans un livre.

B. Comment choisir les albums  à lire

4 critères pertinents pour la compréhension des enfants
Le but est la constitution d’un fonds d’albums  pour l’école (…) L’expérience nous laisse penser que chaque enfant peut avoir entendu une centaine de lectures de livres sur la totalité du cycle maternelle.  L’équipe enseignante a donc à sélectionner des titres afin de savoir qui utilise lesquels durant son année. Sachant qu’un même album peut être utilisé différemment d’une année sur l’autre.

Critère 1 : les personnages et leurs aventures

« schémas narratifs » (…) On n’a peut-être pas besoin de les conscientiser, de les « durcir » (…) encore moins de les faire appliquer.

Critère 2 : les états mentaux, moteurs de l’avancée sur l’histoire
Ils deviennent de plus en plus difficiles à appréhender au fur et à mesure qu’il y a un ressenti ou une pensée de l’un des personnages au sujet d’un ressenti ou de la pensée d’un autre personnage. Et c’est encore plus difficile quand cet ajustement a pour but de tromper l’autre.

Critère 3 : les connaissances du monde
(…)Elles sont souvent liées au statut des animaux

Critère 4 : la difficulté du texte lu

Ces critères sont numérotés de 0 (pas d’obstacle à la compréhension) à 4 (niveau de difficulté maximal pour la compréhension. (…)
Ex : Petit Ours Brun a peur du noir : 0-1-0-0
Bon Appétit Monsieur Lapin : 1-1-3-1
Roule Galette : 2-3-3-2

(…) Pour utiliser un album en vue de la compréhension de l’écrit, le critère personnages/aventures de notre proposition donne une indication de niveaux de classe : 1 et 2 pour PS et MS, 3 et 4 pour MS et GS. (…)
Si on veut rester dans la  ZPA de tous les enfants, il vaut mieux cibler du narratif (il y a une histoire) avec un début et une fin facilement repérables et avec des illustrations analogiques qui donnent des appuis cognitifs aux enfants.

C. Comment utiliser les albums  à lire pour que les enfants comprennent

Ce qui est le plus important est la clarté cognitive du maître i Il doit toujours dire clairement soit « je vais raconter l’histoire » soit « je vais lire le livre ».
(…) l’accès
- aux états mentaux difficiles est facilité par des explications et le recherche de détails dans les illustrations, souvent après une lecture,
- aux connaissances du monde est facilité par des explications, des recherches documentaires, des rappels d’autres histoires, souvent avant la lecture,
- aux textes difficiles peut être « préparé » par l’histoire racontée et/ou mimée, avant la lecture.

Par ailleurs, les rappels de récits sont les meilleures situations d’évaluation, à condition qu’ils ne ressemblent pas à des épreuves formelles. (…)
Les activités de compréhension sur un même album lu occupent souvent plusieurs semaines, bien sûr à côté d’autres activités.

D. Et l’acte de lecture !

Conseils

° PS
- Après avoir appris une comptine, apporter sa fiche, la montrer et expliquer aux enfants : « de ce côté j’ai mis un dessin parce que vous ne savez pas encore lire et de l’autre j’ai tapé le texte de la chanson avec mon ordinateur. Moi je lirai ça » et elle montre l’écrit. A partir de là, des petites blagues sont possibles (…)
- Avec un livre connu, en atelier et en attention conjointe, lire et demander à chaque page où il faut regarder pour lire la suite.

° MS et GS
- Donner aux enfants l’habitude de ne pas interrompre la lecture en leur expliquant pourquoi.
- Inviter des CP ou des CE1 pour venir lire devant les enfants.
- Lire en lecture silencieuse de temps en temps, pour soi, en l’expliquant aux enfants (…)

- Lire de temps à autre des textes écrits sans illustrations (…)

extraits de Langage et école maternelle, Mireille Brigaudiot, ed. Retz

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