samedi 14 septembre 2019

Licorne et mammouths ne font pas bon ménage : lettre ouverte de Klassroom à notre ministre

 Vous savez tout le bien que je pense de Klassroom, je l'ai dit ici. Je n'avais pas encore eu le temps de vous parler des nouveautés 2019, dont celles-ci que j'apprécie particulièrement
- Sur l'application, possibilité pour tous les parents, c'est-à-dire gratuitement, d'avoir accès à toutes les publications sur 24h (l'année dernière c'était seulement la dernière publication). Par le web, tout est accessible
- Possibilité de faire l'appel de sa classe.
Mais voilà, quand quelque chose est efficace, convivial ET entièrement légal, il faut croire que ça ne plait pas à tout le monde. Et dans certains endroits, c'est plutôt dur dur. C'est pourquoi aujourd'hui je diffuse leur lettre ouverte : je veux une longue vie pour Klassroom et ses utilisateurs (je suis intéressée, lol !)
Monsieur le Ministre,
Je suis le co-fondateur de Klassroom, l’application de communication entre les parents et les professeurs des écoles. Lorsque nous nous sommes rencontrés en août 2018 à Ludovia, je vous avais fait part de difficultés rencontrées par certains professeurs des écoles face à leur hiérarchie qui leur interdisait l’utilisation de notre application. La situation s’étant profondément aggravée, je souhaite aujourd’hui vous adresser cette lettre ouverte dans un souci de transparence vis à vis des professeurs des écoles qui nous ont accordé leur confiance.
Depuis plusieurs mois, les interdictions émises à l’encontre de Klassroom se sont transformées en messages d’intimidation, voire en menaces à l’encontre de nos utilisateurs enseignants du premier degré. Un grand nombre d’entre eux se voient d’ailleurs obligés de se cacher pour utiliser Klassroom alors qu’ailleurs, comme dans l’Academie de Versailles (avec laquelle nous avons signé un accord), d’autres peuvent utiliser Klassroom avec le plein soutien de leur hiérarchie. Cette différence de considération d’une académie à une autre est une aberration.

Contexte

Nous avons pourtant fait tout ce qu’il était en notre pouvoir pour mettre un terme à ces problèmes. À la suite de nos échanges à Ludovia, j’ai rencontré le Délégué à la Protection des Données que vous veniez de nommer : Gilles Braun. Nous avons procédé, à sa demande et à celle de son cabinet, à de nombreux ajustements au sein notre application, mais aussi dans nos conditions générales d’utilisation, afin de mettre Klassroom en conformité avec toutes les exigences du Ministère de l’Éducation nationale et du RGPD.
A l’issue de ces nombreux mois de travail en lien avec le Délégué à la Protection des Données (DPD), il était question qu’une communication soit réalisée auprès des directeurs académiques des services de l’Éducation nationale (DASEN) par le ministère pour les informer du travail effectué, afin de lever une fois pour toute ces blocages.
À mon plus grand regret, cette communication n’a jamais été faite. De surcroît, le cabinet du Délégué à la Protection des Données Gilles Braun a rompu toute communication depuis Janvier 2019. Vous comprendrez donc que la situation soit intenable.
En Juillet dernier, en préparation de la rentrée scolaire qui s’approchait, et afin d’éviter de nouveaux blocages de la part des inspecteurs de l’éducation nationale (IEN), mes équipes et moi-même avons pris l’initiative — après en avoir informé le Délégué à la Protection des Données — de contacter l’ensemble des rectorats afin de les informer nous même de toutes les avancées accomplies par Klassroom, en concertation avec le Ministère. À ce jour, nous n’avons toujours pas eu de retour de la part des différents rectorats et du DPD.

Depuis la rentrée 2019

Nous sommes désormais mi-septembre 2019. La rentrée est passée, et comme depuis ces derniers mois, notre quotidien rime avec la réception de témoignages accablants/désolants de la part des professeurs des écoles. Je me permets de vous en citer quelques uns ici:
« Bonjour, Tout d’abord merci pour votre application. Les parents d’élèves ont grandement apprécié et moi aussi d’ailleurs ! Pour autant, en Septembre, je ne pourrai pas renouveler cette expérience car lors de la dernière réunion avec l’IEN, elle nous a demandé d’en arrêter l’utilisation »
« Bonjour, j’utilise Klassroom depuis 2 ans. Ce sera ma 3ème année, malgré l’interdiction orale de notre IEN. Je suis quand même ennuyée d’être obligée de me cacher pour le faire. Et me demande ce que je risque si je persévère. Merci pour votre application qui permet une merveilleuse communication avec les parents »
« Mon questionnement est de savoir si la liberté pédagogique existe encore et si je peux, bien que je vais attiser leur colère puisque je persiste, utiliser Klassroom légalement, sans qu’on puisse me contraindre à utiliser des outils que je n’aime pas ? »
Comme vous pourrez le lire, ces témoignages, qui ne sont qu’une infime partie de ce que nous recevons chaque jour, sont représentatifs d’un grave malaise au sein de l’institution que vous représentez.
Certains professeurs nous ont également transmis des messages et lettres provenant de leur hiérarchie.
Plusieurs de ces messages menacent les enseignants d’un « risque pénal » qu’ils prendraient s’ils continuaient à utiliser l’application Klassroom ! Si dans de nombreuses lettres, les supérieurs hiérarchiques des enseignants (IEN) ont tout de même l’honnêteté de préciser qu’ils ne peuvent pas légalement interdire Klassroom, il est clairement statué qu’il est « fortement déconseillé » de l’utiliser. Ces formes d’intimidations qui misent sur la peur des professeurs des écoles face à leur hiérarchie pour bloquer Klassroom paraissent invraisemblables.

Klassroom : un outil qui change tout dans la relation avec les familles pour le premier degré

Klassroom connait un engouement viral et sans précédent de la part des enseignants et des parents d’élèves. Nous recevons des milliers de témoignages. L’application est une véritable révolution dans la communication entre l’école et les familles. Dans son approche, Klassroom casse les codes des outils numériques traditionnels du monde de l’éducation. Klassroom casse également l’ordre établi par l’installation des environnements numériques de travail (ENT) dans les écoles, poussés par les académies et financés par les communes. Si l’intérêt des ENT dans le second degré n’est plus à démontrer, dans le premier degré, ils sont trop complexes et en décalage avec les usages modernes, et se révèlent donc totalement inefficaces. Les enseignants comme les familles ne s’y connectent pas ou très peu.
Sur Klassroom, l’interface est très simple et accessible à tous les parents, même lorsqu’ils ne sont pas spécialement à l’aise avec la technologie, et même lorsqu’ils ne parlent pas la même langue — l’application traduit dans une centaine de langues les messages du professeur pour les parents allophones -. L’impact social de Klassroom, notamment dans les REP+, est une grande fierté pour nous.
L’engagement des enseignants autour de Klassroom est si fort que malgré les blocages que nous rencontrons, le nombre d’enseignants qui adoptent notre application augmente de manière exponentielle. La semaine de la rentrée par exemple, une classe était créée sur Klassroom toutes les 30 secondes !
Monsieur le Ministre, après vous avoir exposé la situation par oral il y a quelques mois, et désormais par écrit avec le présent courrier, il nous paraît urgent que sous votre impulsion, un message clair et homogène soit enfin adressé aux centaines de milliers de professeurs des écoles qui utilisent Klassroom et qui ont à coeur de renforcer leur relation avec les parents pour le succès des enfants. Votre intervention est indispensable afin de leur permettre d’accomplir leur mission d’enseignement dans la plus grande sérénité.
Convaincu que vous porterez attention à ma demande au vu de la gravité du sujet, sachez que je reste à votre entière disposition pour vous apporter tous les éléments qui seraient nécessaires à la résolution rapide de cette malheureuse situation.
Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l’expression de ma plus haute considération.
Frank-David CohenPrésident de Klassroom

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