"Il paraît que vous travaillez dans le domaine littéraire ? demanda Makimura.
- Littéraire, c'est beaucoup dire. Je fournis la presse en phrases bouche-trous. N'importe quoi, du moment que j'écris des caractères. Mais il faut bien que quelqu'un le fasse, hein. Et c'est moi qui le fais. Comme déneiger, quoi. C'est du déneigement culturel.
-Déneigement culturel," fit Makimura.
Puis il jeta un coup d'œil furtif à son club de golf.
"Intéressant, comme expression.
-Merci beaucoup, dis-je.
Vous aimez écrire ?
- Je ne peux pas dire que j'aime ou que je déteste ce que j'écris en ce moment. Ce n'est pas un travail de ce niveau-là. Mais il y a des méthodes de déneigement efficaces, c'est sûr. Question de tour de main, de position, de savoir-faire, de façon d'utiliser son énergie. Je ne déteste pas réfléchir à ça.
-Voilà une réponse claire, fit-il d'un air admiratif.
-Quand le niveau est bas, c'est plus facile, dis-je.
- Mouais", fit-il.
Il se tut une quinzaine de secondes.
"C'est vous qui avez eu l'idée de cette expression, "déneigement" ?
-Oui, je crois bien.
-Je pourrais la réutiliser quelque part ? Déneigement, je trouve ça intéressant comme expression. Déneigement culturel.
-Je vous en prie. Je n'ai pas déposé le brevet d'exclusivité pour utiliser ce mot."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 24
Bien, comme le narrateur m'y autorise, je me lance : j'en connais autour de moi qui font du déneigement pédagogique .... Et vous ?
;-)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire