Objectif 7. Commencer
à produire des écrits
et en découvrir le fonctionnement
INTRODUCTION
° Commencer à produire des écrits correspond
aux premières fois où le maître attire l’attention des enfants sur la
transformation de leurs propos oraux en texte écrit. Il y aura 2 types de
contraintes à respecter.
- La première contrainte concernera les caractéristiques du langage écrit par opposition à celle du langage
oral (…) Pour aider les enfants, l’école va les mettre en co-production de grands textes écrits, depuis leur production
jusqu’à leur présentation aux destinataires. Les enfants seront en langage oral
et le maître va prendre en charge l’énonciation et la cohérence.
- La seconde contrainte concerne les différences entre un
énoncé oral et une phrase écrite : la syntaxe n’est pas la même, le
vocabulaire est souvent différent. Le procédé le plus efficace étant la dictée à l’adulte.
° Découvrir le fonctionnement de
écrits est une
nouvelle entrée dans le Programme 2015. Au niveau de la maternelle, on ne
s’intéressera qu’aux éléments matériels
du texte qui vont jouer un rôle dans la compréhension du
destinataire : les signes particuliers et les organisations spatiales,
conventionnels dans notre culture. Les éléments matériels
« lettres » : objectif 8
Ces éléments
matériels étant facilement reconnus par les enfants, le maître partira de
textes parfaitement connus à l’oral. Il rendra ensuite les enfants spectateurs
de leur écriture puis leur demandera de résoudre des petits problèmes sur ces
écrits où ils auront beaucoup de repères. Ainsi la découverte du fonctionnement
des écrits est ici considérée comme un marchepied à ce qui va leur être demandé
dès le début du CP : prendre des repères dans les écrits pour les
« faire parler ».
A. La coproduction de grands écrits
> EXEMPLE 1 : L’Écriture
de textes poétiques ou rimés en TPS-PS
La dictée d’un texte
su par cœur est un allègement de travail pour les enfants.
Quand il s’agit d’une poésie apprise par cœur avec
l’intonation de l’oral, on peut passer directement à la dictée. En revanche, si
c’est un texte chantonné, il faut une étape préalable. (…)
Cette situation est facile à mettre en œuvre. Il faut la
reprendre ensuite avec les enfants
prioritaires (…)
Une fois dicté, le texte est relu entièrement et la
maîtresse fait remarquer les retours à la ligne et le fait qu’ici, quand on dit
la même chose, c’est écrit la même chose ! (…)
La maîtresse procède ensuite comme pour tous les
écrits : elle peut faire une copie à l’aide de l’ordinateur, (…) puis la
relire (« vous entendez, c’est bien
la comptine, même si l’écriture n’est pas la même », enfin elle emmène
les enfants pour photocopier les textes. Ils apprennent à coller le texte et
vont faire leur première pseudo-lecture
> EXEMPLE 2 : Panneau
d’affichage pour l’école et les parents en MS-GS
On est là dans la production complète d’un grand
écrit : cela nécessite une préparation précise du maître afin d’en
expliquer aux enfants les tenants et les aboutissants. Une fois sa préparation personnelle terminé (quoi,
quand, avec qui, comment) l’enseignant fait une annonce la plus claire possible
aux enfants (…)
Cette situation peut être bien plus qu’une opération
d’affichage à condition de commencer par
la production d’écrit pour chercher des illustrations ensuite, plutôt que
l’inverse. Ce n’est pas du tout équivalent.
En discutant d’abord avec les enfants sur ce que l’on a à
dire aux lecteurs, on les met en situation de prendre le point de vue de ceux
qui ne sont pas au courant ; ils doivent tout dire pour être bien compris.
On peut passer ensuite à des ateliers successifs de dictée, à un regroupement
de relecture et enfin se poser la question des images et des dessins ; ce
n’est pas le cas lorsqu’on part des photos car celles-ci entraînent des
commentaires (…). On s’éloigne de la « vraie » production d’écrit.
(…)
Une fois un tel travail terminé, les ayants y ayant
participé de A à Z, il faut vérifier qu’ils savent exactement ce qui est écrit,
où, et même y prendre des repères graphiques (…). Bien sûr l’effet sur les
lecteurs méritera d’être commenté
> EXEMPLE 3 : La grande histoire en GS
(…) Elle nécessite entre 4 et 6 semaines de travail (environ
25 journées de suite, en séances d’une demi-heure maximum) et au bout du compte
elle « transforme » les enfants (…) Devenant auteurs et éditeurs,
ayant travaillé si longtemps un texte
non-illustré, les enfants ne voient plus l’écrit comme avant (…)
B. La dictée à l’adulte
- Définition de la « vraie dictée à
l’adulte »
Un texte parlé n’est pas dicté. Pour qu’il soit dicté, il
faut :
- qu’il soit déjà « écrivable » c’est-à-dire
compréhensible par un lecteur, à distance,
- qu’il soit dit en synchronie avec la main du scripteur,
car cette main va beaucoup moins vite que la parole.
Cela m’a conduite à dire qu’on ne pouvait en aucun cas faire
faire de la dictée à l’adulte à des PS, difficilement à des MS, modestement à
des GS. Ce qui ne signifie pas qu’il faut mettre tout ça aux oubliettes (…)
Pour écrire un texte
en PS, l’adulte va être dans le cas de l’amont de la ZPA. Il va faire une démonstration. Il explique et fait tout devant
les enfants, sans leur demander de changer quelque chose à sa manière de dire.
Ecrire en MS et
surtout en GS prend une autre dimension parce qu’on va pouvoir faire
participer les enfants aux transformations oral/écrit notamment en leur faisant
entendre les différences. (…)
On comprendra que plus
on écrit devant les enfants, de PS à la GS, en les faisant de plus en plus
participer, plus ils seront proches d’une réelle activité de dictée en fin de
GS. (…) L’enjeu est considérable.
- Conditions matérielles de la dictée à
l’adulte
Un moment de dictée à l’adulte ne doit pas durer plus de 10 à 15 mn car,
contrairement aux apparences lorsqu’ils parlent peu ou pas du tout, les enfants
sont en grande activité intellectuelle. Et ça les fatigue. (…) Ces quelques
minutes ne doivent pas être interrompues.
La question du nombre
d’enfants et de quels enfants n’a pas de réponse en soi.
La position du
support écrit par rapport au regard des enfants est un critère de réussite.
Car l’enseignant dit en même temps qu’il écrit et c’est alors que les enfants
savent où il en est. La meilleure situation est l’attention conjointe de 3 à 6
participants par rapport à l’écrit en train de se faire mais, de temps en
temps, un texte court peut être dicté en collectif.
Le maître doit absolument écrire en cursive (…), utilise
tous les signes conventionnels de
l’écrit (…)
- les oppositions oral/écrit
(…) Il y a un bon moyen de leur faire saisir les différences
en contrastant deux énoncés (…) : (reprendre) un essai verbal et y
(« ajouter ») l’énoncé ou la prononciation bien formés. (…)
Le niveau de cohésion
est ici mobilisé : les marques qui renvoient à du « déjà
dit » ou à du « pas encore dit » sont décisives pour la
compréhension ; dans la mesure où ces phénomènes ne sont souvent pas
encore acquis au cycle 3, il ne faut pas insister après un premier essai et
donner simplement la réponse.
Il y a aussi parfois à résoudre la question du registre de langue. Les bonnes
décisions sont d’éviter deux excès :
l’écriture de formes impossibles à l’écrit et la transformation des
formulations d’enfants pour choisir une surnorme (…). Le principe est que les
enfants doivent retrouver leurs propositions « à l’oreille » ET en
français écrit grammaticalement possible. (…)
- les retours sur ce qui est écrit, pendant
l’écriture
(…) (le maître) va donc faire tout ce qu’il faut pour que
les enfants suivent les liens entre
leurs verbalisations et les tracés écrits.
- Il va parler exactement ce qu’il est en train d’écrire avec synchronisation. (…) Eviter le découpage en syllabe (on ne travaille pas le code mais le sens)
(…)
- Il va demander de nombreuses fois un ralentissement du débit (…)
- Il va couper un
énoncé à un endroit impossible à l’oral (…)
- Il va suivre du
doigt
- Il va barrer, ajouter des formulations (…) les enfants
découvrent ainsi ce qu’est un brouillon (…)
- En fin de séance,
les relectures démarrent d’un début d’une unité de texte, le paragraphe la plupart du temps (…)
- La lecture finale
est celle du texte complet (…) et
là, il faut fermer ses yeux.
C. Prendre des repères dans des textes connus
Lorsque les enfants connaissent un texte par cœur ou
presque, ils peuvent en mobiliser le contenu langagier, le parler ou le subvocaliser (articuler en chuchotant ou sans bruit) et
essayer de le suivre du doigt. Cette activité est la meilleure qui soit parce
qu’elle maintient le lien entre langage
et signes graphiques et leur permet de comprendre l’acte de lecture. (…) Le
maître doit être très attentif à cette clarté cognitive, c’est ce qui permet
d’éviter de dire aux enfants qu’ils savent lire, au profit de la formule
« vous commencez à apprendre à
lire »
> EXEMPLE 1 : Après la
grande histoire en GS
La copie manuscrite du
texte, propre, va devenir un véritable terrain d’aventures pour les enfants.
(…)
> EXEMPLE 2 : Après l’écriture
de comptine ou poésie en MS
(…)
> EXEMPLE 3 : Après l’écriture
de comptine en PS
On a vu que les maîtres pouvaient faire « dicter »
les comptines. La relecture avec suivi du doigt doit devenir une habitude. Le
suivi du doigt permet de visualiser la direction
de l’écrit en français. Et cela n’a de sens que si les maîtres des enfants
n’oublient pas de travailler, chaque fois que c’est possible, l’orientation gauche-droite des enfants par rapport à
l’axe de leur corps (…) En GS, les enfants doivent savoir s’ils sont droitiers
ou gauchers.
Le travail va se faire en deux temps sur l’année. (…)
Il est simple de procéder autrement en partant du langage pour aller vers l’image et pas l’inverse : faire
apprendre la comptine (sans support), (…) l’écrire soi-même devant eux sur une
grande feuille, puis faire un jeu en atelier (…) vous allez chercher dans toutes ces images celles qui pourraient aller
avec cette comptine (…)
Ne pouvant faire l’inventaire de tous les signes matériels
des écrits que nous utilisons en maternelle, même sans nous en rendre compte,
voici seulement quelques pistes complémentaires :
- ordre linéaire gauche-droite pour des images alignées
- utilisation des flèches dessinées
- ordre gauche-droite ET de haut en bas
- tableaux à double-entrée, qu’il faut absolument travailler
avant le CP
- légendes sous les dessins
- bulles dans les illustrations d’albums
En GS, un
abonnement à une revue pour enfants (…)
D’une manière générale, il faut tout expliquer (à quoi ça
sert) et permettre aux enfants de s’entraîner à utiliser ces conventions de l’écrit.
Ce sont des apprentissages à part entière et ils sont très discriminants.
extraits de Langage et école maternelle, Mireille Brigaudiot, ed. Retz
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